Selasa, 01 Mei 2012

Anggun interviewed by French newspaper Le Progrès


Musique - Eurovision. Anggun : « J’ai une mission et je bosse dur pour que tout soit parfait » 

Eurovision Le 26 mai prochain, Anggun représentera la France au 57 e concours qui se déroule à Bakou, en Azerbaïdjan. Un rôle qu’elle prend très au sérieux.

Vous faites actuellement une véritable tournée de promotion, en France et en Europe. C’est pour promouvoir votre album ou votre candidature à l’Eurovision ?
Mais les deux, ça va ensemble. L’album est sorti au début du mois de novembre de l’an passé, et l’Eurovision a été annoncée à la fin novembre, ce qui a chamboulé tout ce que nous avions prévu. Alors je fais une promotion parallèle. Depuis le début de cette année, je vais dans tous les pays d’Europe, pour parler de l’Eurovision. Mais je parle aussi de moi, de ce que je fais. Et donc, de mon album…
Mais alors vous faites campagne…
Mais oui ! Ça se fait bien en ce moment (rires). C’est la première fois que la représentante française se livre à ce genre d’exercice. Avant, le choix de l’artiste était fait bien plus tardivement. Cette fois, on a eu le temps d’aller partout. A l’Eurovision, ils n’avaient jamais vu ça. Ils m’ont surnommée « l’artiste qui travaille le plus dur », comme on le disait de James Brown !
A quoi ça vous sert ?
Je vais prendre le pouls du défi : connaître les autres candidats, le potentiel de chacun. Et surtout, je fais connaître la chanson, « Echo » (You and I). Il ne faut pas l’oublier, c’est un concours de chansons. Plus notre chanson sera connue, plus on aura d’atouts…
Que raconte votre chanson, « Echo » (You and I) ?
Elle parle du temps. Dans notre société, on ne prend plus de temps pour rien, ni pour soit ni pour les autres. On se donne l’impression d’être proche l’un l’autre avec les mails ou les réseaux sociaux. Mais pas du tout, ce sont juste des outils qui sont venus masquer le fait que l’on a plus le temps d’être avec les autres…
C’est la chanson qui compte ? Rien d’autre ?
Ah évidemment, il y a la prestation, l’interprétation, le show. C’est pour ça que je travaille avec un chorégraphe, et il y a une partie visuelle, je serai habillée par Jean-Paul Gaultier. C’est un tout. Vous savez, je suis ultra-motivée, je veux vraiment gagner.
Vous êtes sous pression ?
Ah oui, complètement. J’ai une mission, il ne faut pas que j’échoue. Ce qui va se passer sur scène sera sous mon contrôle, j’en serai responsable et je devrai l’assumer. Alors, je bosse dur, pour que tout soit parfait.
Qu’est ce qu’on vous dit dans les autres pays ?
En général, je suis déjà assez connue. Je suis allée à Malte, en Hollande, au Portugal, en Italie. Et dans tous ces pays, l’Eurovision est considérée comme un événement très, très important. En Suède, il y a des émissions en prime time pour sélectionner la chanson qui va représenter le pays. Et tout le monde vote ! Je suis un peu désolée de voir qu’en France, l’Eurovision n’a pas cette importance.
Certains considèrent que c’est un peu ringard…
Et pourtant, il y a potentiellement 600 millions de personnes qui peuvent nous regarder. C’est l’événement musical le plus important de l’année, comme les jeux Olympiques de la chanson. Moi je pense que ça doit être pris au sérieux. Mais peut-être que le France n’est pas un pays musical, nous sommes des littéraires. Et des gastronomes : regardez, il n’y a quasiment plus d’émission musicale à la télé. Mais il y a Top Chef ! (Rires)
Vous dites que vous voulez gagner. Pour quelle raison, finalement ?
Mais pour la France ! Pour moi aussi, pour mon ego, bien sûr. Mais surtout parce que j’ai accepté cette mission, et je dois m’y consacrer. D’ailleurs, je n’agis pas en tant que moi, je représente le pays, c’est une responsabilité. Je le prends avec légèreté, ce n’est que de la musique, mais je suis déterminée. Encore une fois, je veux gagner.
En tant qu’artiste, faire un concours, c’est un peu bizarre. On ne peut pas vraiment quantifier la valeur d’une chanson…
Oui, c’est un peu compliqué à gérer, en tant qu’artiste, vous avez raison. Quelqu’un va choisir une chanson plutôt qu’une autre, sur des critères mal définis. C’est tellement subjectif.
Et puis il y a un peu de politique…
Oui, il y a des considérations carrément diplomatiques. Les Scandinaves se soutiennent, la Grèce vote pour Chypre et vice versa, les pays de l’Est se serrent les coudes… Mais qui va voter pour moi ? (Rires). Mais si je pars avec cette optique-là, ça ne sert à rien de participer. Si l’on pense que la valeur de la chanson, le talent de l’artiste, sont placés au second plan, alors c’est la fin de l’idée même du concours.

Dernier album : « Echoes », Warner Music

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